Bonaparte en Egypte avec 160 savants !
Bonaparte s'embarque à la fin du printemps 1798 pour l'Egypte avec 50 000 hommes et 800 chevaux. Parmi ces hommes, se trouvaient 160 savants, ingénieurs et artistes, chargés d'étudier l'Egypte dans tous les domaines.  
Des naturalistes et des biologistes sont chargés d’étudier la faune et la flore égyptiennes. Les géomètres doivent faire un maximum de relevés topographiques pour dessiner la carte des régions visitées. Des archéologues sont chargés d’étudier l’architecture et notamment les mystérieuses Pyramides.
Si l’Europe connaît déjà l’Egypte, elle la connaît mal, car l’écriture ancienne égyptienne n’a pas encore révélé ses secrets. Il faudra attendre 1821 pour que Champollion ne déchiffre son premier cartouche de hiéroglyphes.


Des savants au service des soldats
Les scientifiques ont été emmenés en Egypte, d’abord pour aider les soldats à conquérir l’Egypte. Bonaparte savait que les routes seraient rares, mal entretenues, qu’il faudrait fabriquer des munitions sur place, trouver des moyens de se nourrir… L’aide des scientifiques va être précieuse et le travail ne va pas manquer !
Ces savants, dont beaucoup ont entre 20 et 30 ans, découvrent avec enthousiasme une culture et une société très différentes des leurs. Mais ils viennent aussi avec l’intention de partager les connaissances scientifiques européennes avec les Egyptiens. Il faut dire que le constat fait sur place est amer pour ces Occidentaux : « A notre arrivée en Egypte, nous avons tous été frappés d’étonnement, en trouvant un peuple immense privé de choses utiles ou agréables à la vie, et luttant, faute des instruments les plus simples, contre les difficultés de toute espèce. »


L’Institut d’Egypte

Dès le mois d’août 1798, Bonaparte crée l’Institut d’Egypte. Cet institut a pour président le savant Monge et pour vice-président le général Bonaparte. Il regroupe tous les scientifiques de l’expédition et se divise en quatre sections selon les spécialités : « mathématique », « physique », « économie politique », « littérature et arts ».
Le journal La Décade égyptienne est créé en même temps pour rendre compte des séances de l’Institut et informer sur les découvertes scientifiques.
Mais les Egyptiens ne connaissent pas encore l’imprimerie. Les Français en organisent une pour publier journaux, dictionnaires, brochures et affiches, afin d’informer et communiquer avec la population française et égyptienne. Des lettres d’imprimerie dans l’alphabet arabe sont donc fabriquées. Les Egyptiens découvrent avec quelle rapidité un livre peut être imprimé.


De nombreuses découvertes
Les savants ont pour mission de récolter le plus d’informations possibles sur l’Egypte, ils vont faire de nombreuses découvertes. Le savant Monge décrypte le phénomène de mirage, le naturaliste Etienne Geoffroy Saint-Hilaire révèle l’existence de poissons inconnus, et le dessinateur Redouté dessine toutes les espèces botaniques rencontrées. Les ingénieurs Jollois et Devilliers réalisent le relevé détaillé de nombreux monuments à Thèbes, Karnak, Abydos, Antaepolis.
Les Français ont eux aussi beaucoup à apprendre des Egyptiens. Certaines pratiques et des machines seront exportées en France. Ainsi, en Égypte, le plâtre est travaillé dans un moulin, facilitant la vie de l’artisan alors qu’en France, il est encore travaillé au bras. Les Egyptiens ont également mis au point un système de « fours à poulets », il s’agit d’une couveuse artificielle pour l’élevage des poussins. Les Français sont aussi très intéressés par des jarres qui gardent les boissons fraîches pendant plusieurs jours.
Mais tout ce travail ne se fait pas sans mal car les conditions de vie y sont difficiles, avec une chaleur écrasante (50° C au soleil !). La population est parfois hostile, elle  ne comprend pas toujours cette intrusion dans son quotidien. Et il ne faut pas oublier que les soldats sont partis à la conquête et que les combats font rage.

Une réussite scientifique et un echec militaire
Si sur le plan scientifique cette expédition est une réussite, sur le plan militaire c’est un échec, notamment avec la perte de la flotte française coulée par Nelson à Aboukir. les Français se rendent aux Anglais le 2 septembre 1800, et doivent quitter l’Egypte à partir du 30 août 1801 : les Anglais réquisitionnent alors les découvertes des savants français et notamment l’une des plus importantes, la pierre de Rosette. Elle se trouve aujourd’hui à Londres, au British Museum. C’est un moulage qui servit au Français Champollion, quelques années plus tard, pour déchiffrer l’écriture égyptienne ancienne : les hiéroglyphes.

La Description de l’Egypte
De cette expédition scientifique, les savants ont établi l’un des plus beaux ouvrages sur l’Egypte : La Description de l’Egypte. Paru entre 1809 et 1828, cet ouvrage en vingt volumes permit de mettre fin aux idées fausses que l’Occident entretenait sur l’Orient. Travail de longue haleine, placé sous la direction de Vivant Denon (qui deviendra le directeur du Musée Napoléon à Paris), la Description de l’Egypte est un inventaire de l’Egypte du début du 19e siècle avec schémas, dessins, cartes de tout ce qui compose l’Egypte. Cet ouvrage reste encore aujourd’hui une source importante pour tous les égyptologues.